top of page
APPUIS

notre actualitÉ

ACTUALITE: Renforcée par l’inflation des prix, la précarité menstruelle mobilise les associations


Les produits d’hygiène féminine ont augmenté de 10 % en un an. Acheter ces articles de première nécessité peut devenir un problème. De Strasbourg à Mulhouse, des associations s’organisent pour venir en aide aux étudiantes et aux femmes les plus précaires.
Thomas Schubnel, vice-président de l’Afges en charge des Agorae, les trois épiceries solidaires de Strasbourg ouvertes aux étudiants, met à disposition des protections périodiques. DR

« Tu n’aurais pas une serviette en rab ? » C’est une demande que l’on chuchote. Elle est suivie d’un échange discret dans les toilettes. Si, dans la plupart des cas, il s’agit de dépanner, cette entraide peut cacher une autre réalité : celle de la précarité menstruelle. Car les produits dits d’hygiène féminine ont augmenté de 10 % en un an. Depuis quelques mois, Julie, étudiante en 6e année de médecine à Strasbourg, fréquente moins qu’avant le rayon dédié à ces articles dans l’hypermarché où elle fait ses courses. « Je suis obligée de demander à mes parents de m’acheter ces produits », déplore-t-elle. Les étudiantes, premières concernées

Le syndicat étudiant mulhousien CSTE (Communauté solidaires des terres de l’Est) offre des culottes menstruelles recyclables depuis trois ans. Cette année, il a reçu près de 400 protections réutilisables qu’il distribue. « Nos actions sont bien accueillies. On a des étudiantes qui nous disent : “Merci, ça me sauve !”», se réjouit Juliette Chambraud, étudiante en 2e année de sciences politiques et membre de CSTE. Un constat partagé par l’Afges, à Strasbourg, qui met des protections périodiques à la disposition des bénéficiaires dans ses épiceries solidaires. Thomas Schnubel, le vice-président qui en a la charge, confirme : « Ce sont des produits qui partent très vite. »

Le Crous de Strasbourg s’est emparé du problème. Depuis 2020, 157 000 € provenant du budget de la contribution à la vie étudiante et de campus (CVEC) ont été investis pour lutter contre la précarité menstruelle des étudiantes. Cette enveloppe a notamment servi à installer 27 distributeurs de protections périodiques dans les campus de la région. La précarité menstruelle ne touche pas seulement les étudiantes. Les femmes sans-abri, récemment arrivées en France, et celles qui sont en situation de handicap ou ont un emploi précaire sont aussi concernées. Avec une fréquentation en hausse de 29 %, les Restos du cœur du Bas-Rhin ont parfois du mal à satisfaire la demande. « On a très fréquemment des problèmes de stock et on ne peut pas en acheter, c’est trop onéreux », reconnaît son responsable Patrick Gruber.

Un projet de présentoir en gare de Mulhouse

L’obstacle n’est parfois pas technique. Un tabou persiste sur le sujet. « Pour les bénéficiaires, il est difficile d’en parler avec les bénévoles masculins qui s’occupent de l’accueil. Une partie des demandes ne remontent pas », regrette Morgane Guy, chargée de la solidarité au Secours populaire du Haut-Rhin. « Les femmes sont assez pudiques sur ces questions », renchérit Monique Ringele, coordinatrice du Planning familial de Mulhouse. Un silence qui s’explique aussi par une méconnaissance du fonctionnement de leur propre corps. « Mettre en avant des distributions, c’est bien, mais ça ne suffit pas. Il faut faire le lien avec les questions de santé sexuelle. »

« Nous devons accompagner le don et respecter la dignité des femmes : beaucoup d’entre elles n’ont pas conscience de subir de la précarité menstruelle », complète Christophe Mortier, chargé de communication pour l’association mulhousienne Appuis, qui projette d’installer un présentoir d’articles périodiques dans des lieux de passage tels que la gare centrale.


Alors que le gouvernement promet le remboursement par la sécurité sociale des protections périodiques réutilisables pour les moins de 25 ans d’ici 2024, ce sont pour le moment les associations locales qui permettent d’atténuer ce problème de santé publique.



Article sur le sujet sur notre Blog ICI


bottom of page