Pour terminer en beauté le projet « Femme libre - Olympe » du service d’accompagnement des victimes d’Appuis, une action était organisée à la Cité de l’auto avec l’aide de l’Association de prévention des rodéos urbains (Apru). Une belle conclusion pour ce programme d’un an.
Hajet Trirat, chargée du projet Femme libre - Olympe, mené par le service d’accompagnement des victimes de l’association Appuis , semblait plutôt satisfaite fin octobre lors de son passage à la Cité de l’auto mulhousienne. Avec elle se trouvait le petit groupe de femmes, des victimes de violence conjugale qu’elle a accompagnées pendant l’année. « Ce projet me tenait à cœur depuis quatre ans », explique-t-elle. « Le nom d’Olympe a été ajouté en l’honneur d’Olympe de Gouge, pionnière du féminisme. »
« Déverser la souffrance »
Le but des animations de Femme libre - Olympe était de compléter l’ accompagnement habituel des services d’Appuis. Les participantes étaient toutes des femmes en situation de grand danger, pour la plupart mères et victimes depuis plusieurs années. « Nous voulions les sortir de leur isolement et de l’emprise de leur ex-conjoint », note Hajet Trirat. Chaque trimestre, les femmes ont pu se concentrer sur un point particulier. « Il y a d’abord eu un groupe de parole avec une psychologue et une juriste. Le deuxième trimestre a été consacré à des ateliers sportifs en rapport avec la santé et le corps. Il y a ensuite eu des ateliers d’expression écrite, avec l’association L’Encrage. Tout ceci leur a permis de déverser leur souffrance et de libérer leur parole. Ça leur a fait beaucoup de bien. »
Une quinzaine de femmes ont suivi ce programme. Pour terminer le projet en beauté, l’association Appuis s’est associée à l’ Apru (Association de prévention des rodéos urbains) pour proposer une journée d’animations à la Cité de l’Auto. « Généralement, nous nous servons des deux-roues pour la prévention de la délinquance », explique Aurélien Weisrock, de l’Apru. « Cette fois, l’idée était d’utiliser également les deux-roues mais pour les victimes. Nous avons appelé cette action la journée Cheveux au vent. Nous voulions redonner de la fierté à ces femmes. » Mais, avant de les voir arriver sur la piste de l’autodrome, les participantes ont dû être convaincues par Hajet Trirat : « Nous voulions leur réapprendre à aller vers les espaces culturels. La plupart n’avaient pas le droit de sortir ou de s’habiller comme elle le voulait. L’une des femmes nous a dit qu’elle ne s’était pas octroyé une sortie depuis 15 ans. »
« Leur montrer qu’on était capable »
Pendant la journée, le groupe a assisté à un spectacle avec des voitures de luxe, a suivi une visite guidée du musée, où les liens entre les femmes et l’automobile ont été développés et, finalement, un tour en side-car avec Yannick Dupont leur a été proposé. « Elles n’ont pas le permis et jamais elles auraient pu faire ça dans leur vie. C’était assez dingue », note la chargée de projet. « Je voulais aussi leur montrer qu’elles n’étaient pas uniquement des mamans. Nous avons embauché une nounou, elle s’est occupée des enfants et des ateliers et un repas étaient prévus pour eux. » Avoir leurs enfants sur place a aussi permis aux femmes de se présenter devant eux sous un nouveau jour. « On a pu leur montrer qu’on était capable », note l’une des femmes en descendant du side-car, un large sourire sur le visage. Le projet, soutenu par la Ville de Mulhouse, la préfecture, la justice et l’association les Dames de cœur, pourrait être renouvelé.
Article l'Alsace du 02 novembre 2023 Isabelle LAINÉ - 02 nov. 2023 à 18:50 - Temps de lecture : 3 min
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