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Presse:« La laïcité, c’est quoi ? » :

Au programme de la semaine « La laïcité, c’est quoi ? » suivie par cinq classes mulhousiennes, un « rallye cultuel » à la découverte de différents édifices religieux. Nous avons suivi deux classes du lycée Bugatti dans leur périple, mardi 7 décembre.

Quatre-vingts lieux de culte à Mulhouse et plusieurs édifices religieux concentrés dans le centre historique de la ville. Une pagode et une mosquée en périphérie. Le « rallye intercultuel » de la semaine « La laïcité, c’est quoi ? » a permis à bon nombre d’élèves de mettre les pieds pour la première fois dans un édifice appartenant à une autre religion que la leur.


Á l'exception de deux éléves venus déja dans un cadre scolaire, aucun lycéen n'était encore entrés dans une synagogue ( phot l'Alsace/Darek SZUSTER)

Ce mardi 7 décembre, après avoir visité la mosquée An-Nour le matin, ils ont découvert l’église Sainte-Marie. « Qu’est-ce qui vous frappe ? » leur demande d’entrée le prêtre Hervé Paradis-Murat. « C’est luxueux ! » « C’est une manière d’honorer Dieu, explique le prêtre. Cette église est dédiée à la mère de Jésus, Marie, présente aussi dans d’autres traditions religieuses et notamment dans une sourate du Coran, qui reprend le récit de l’annonciation. » Les élèves sont impressionnés par la croix monumentale, « seul élément classé monument historique qui date du XVe siècle », précise le prêtre.


Dans l'église Sainte-Marie, les lycéens ont découvert la richesse iconographique dans le catholicisme, les statues, les vitraux ( Photo l'Alsace/Darek SZUSTER)

« Ave Maria », ça veut dire quoi ? « Ave Maria, ça veut dire quoi ? » Pendant plus d’une heure, les questions ont fusé. « C’est son vrai visage, Jésus, ou il est inventé par quelqu’un ? » « Est-ce que l’église a été détruite pendant des guerres, demande un élève d’origine syrienne. « On a 48 nationalités dans le lycée et 14 différentes dans cette classe », confie la professeure Nora Makhloufi qui enseigne l’histoire-géo, le français et l’éducation civique au lycée Bugatti à Illzach. Sur le seuil de l’église protestante Saint-Jean, le pasteur Michel Cordier accueille le groupe un brin sarcastique : « Une classe de Bugatti est déjà passée ce matin, ils étaient gentils et corrects, ils vous ont flingué la réputation… » Il explique à l’intérieur qu’une église protestante n’est pas un lieu sacré, « mauvaise nouvelle, Dieu n’habite pas ici ! », puis tente de sonder les connaissances. « Les grandes caractéristiques du protestantisme ? Ça vous dit quelque chose ? » Silence dans les rangs. La Réforme, ils n’en ont jamais entendu parler.


Dans chaque culte, le professeur demandait aux officiants s'ils pouvait prier. Le père Hervé/Paradis-Murat à faire découvrir à certains la prière "Notre Père". (Photo l'Alsace/Darek SZUSTER)

Luther, vous connaissez ? Martin Luther ? « Ah ! Martin Luther King ! » Pas tout à fait le même siècle… Qu’est-ce que vous repérez ici ? » Pas de déco, pas d’orientation particulière. Les élèves sont intrigués par l’orgue aux dimensions monumentales qui touche le plafond… « C’est parce qu’il vient de l’église Saint-Étienne, avant qu’on ne la rase pour construire l’horreur qui y est actuellement, un vilain bâtiment néogothique sans aucun intérêt architectural » et de citer l’abominable architecte Jean-Baptiste Schacre, auteur du crime, « à l’époque où les francs-maçons bouffaient tout à Mulhouse ». On se demande un peu ce que ce commentaire - passant bien au-dessus de la tête d’élèves qui ne connaissent pas davantage la franc-maçonnerie que les 95 thèses de Martin Luther - vient faire là… Qu’importe, revenons à nos moutons protestants et ses fondamentaux, la Bible enfin traduite dans les langues vernaculaires. « Là, tout le monde comprend et c’est génial, les pasteurs sont des gens comme les autres, ils ont le droit de se marier, il y a disparition de tout ce qui fait écran entre les gens et Dieu. » Michel Cordier balaye rapidement l’histoire du protestantisme depuis 1517 et les fameuses thèses, Mulhouse qui décrète en 1523 que les autres religions n’ont pas droit de cité, « c’est un peu facho mais ce sont les mœurs de l’époque », la « 2e génération du protestantisme » avec Calvin, Mulhouse qui redevient catholique en 1798 après sa réunion au royaume de France… Il achève ses propos par la spécificité du protestantisme, répondant à sa question initiale : « Des chrétiens qui lisent la Bible, écrite par des êtres humains proches de Dieu, une Bible qui doit être décryptée. Ce qui entraîne cette habitude de décrypter aussi le monde, de réfléchir, s’engager ». Des élèves ont très envie de monter à la chaire et de tester l’abat-voix ». « Vas-y, fais-toi plaisir ! »

Après cet exposé dense, les lycéens traversent la rue pour leur dernière étape de l’après-midi, la synagogue, autre édifice commis par un Schacre habillé pour l’hiver. « Pas mal de points communs » « J’ai un accent russe parce que je suis originaire de Saint-Pétersbourg, si vous ne comprenez pas, n’hésitez pas à le dire », propose modestement le rabbin Noté Levintov. Malgré l’heure avancée, les élèves ne montrent aucun signe de fatigue, ils sont captivés. Les questions fusent, les regards embrassent les moindres détails des lieux. « C’était cool, témoigne Osman à la sortie. C’est la première fois que je viens dans une synagogue et il y a pas mal de points communs avec ma religion. Il n’y a pas d’image, la synagogue est orientée, on lit la Torah de droite à gauche comme le Coran… »


Quatre jours dédiés

Impulsé par la procureure de Mulhouse en partenariat avec l’Éducation nationale et la sous-préfecture, « La Laïcité, c’est quoi ? » est une semaine proposée à des élèves mulhousiens pour mieux comprendre la loi et découvrir la diversité religieuse. L’organisation de la semaine est assurée par l’association Appuis.

« Ce projet est parti de la volonté de la procureure de la République Edwige Roux-Morizot », explique Mélodie Jamet, chargée de mission au tribunal judiciaire de Mulhouse et formatrice valeurs de la République et laïcité. « Son organisation a été confiée à l’association Appuis. » C’est Virginie Meister, psychologue et coordinatrice du Programme judiciaire de prévention des dérives radicales (PJPDR) qui a orchestré cette semaine suivie par cinq classes mulhousiennes : une 3e du collège de Bourtzwiller, une première année de CAP commerce et une seconde bac pro commerce du lycée Roosevelt, deux terminales CAP mécanicien automobile du lycée Bugatti d’Illzach.

En amont de cette semaine, un travail a été effectué dans les classes pour évaluer les besoins de connaissance, la perception de la notion de laïcité et apporter aux élèves quelques notions juridiques, des textes de référence.

Du 6 au 9 décembre, les élèves suivent un programme spécifique : rencontre avec des représentants des différents cultes (rabbin, prêtre, pasteur, imam) dans les établissements ; « rallye intercultuel » où les élèves découvrent des lieux de culte mulhousiens (église catholique Sainte-Marie, temple protestant Saint-Jean, synagogue de Mulhouse, mosquée An-Nour, pagode de la rue de Belfort) ; une journée est consacrée à des ateliers avec des associations qui œuvrent dans le champ du dialogue et de la lutte contre le racisme (SOS Racisme, association Échanges, Co-Exister) ; l’ensemble des élèves participent ce jeudi 9 décembre à un « Forum de la laïcité » ouvert aux parents au centre culturel Le Fil d’Ariane à Illzach (stands traitant de différentes thématiques liées à la laïcité, avec des magistrats, chefs d’établissement, chefs d’entreprise, acteurs associatifs…).

Au terme de cette semaine, les élèves seront invités à répondre à un nouveau questionnaire et à faire le bilan de cette action destinée à mieux faire comprendre le sens du mot laïcité, concept souvent perçu comme un outil de discrimination, alors qu’il est censé offrir un cadre pour préserver la liberté religieuse et la liberté de conscience.


Article L'Alsace d- Par Frédérique MEICHLER - 09 déc. 2021 à 05:59


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